Vibraphoniste passionné par la nouvelle technologie, il y a dix ans, j’ai commencé à expérimenter sur l’amplification et l’utilisation d’effets sur mon instrument. J’ai pu rencontrer Nicolas Van Der Plas (Vanderplas Tal), qui m’a conçu un prototype de vibraphone équipé d’un système de 42 micros pick-up (piézo) collés sous chaque lames. Ce système permet à la fois de restituer le signal analogique du son généré́ par l’instrument ainsi que de le convertir en numérique (MIDI). Le but est d’avoir un instrument acoustique amplifiable et compatible avec des pédales d’effets analogique, et de pouvoir y ajouter des sons numériques simultanément.
Peu de vibraphoniste utilisent ce genre de système, où l’instrument initialement acoustique devient électrique et amplifiable, ouvrant un nouveau monde de mode de jeu. Un bon exemple est la retranscription des notes étouffées par la baguette. Les notes sont quasiment inaudible en acoustique. Une fois amplifiées, elles deviennent beaucoup plus sonores et percussives. Ce système d’amplification par micros pick-ups couplés avec des pédales d’effets m’a permis de trouver une identité sonore unique.
DiWhite Experiment est mon laboratoire de développement sonore et compositionnelle. Entouré d'une équipe étonante de musiciens ayant la double culture du Jazz et des musiques actuelles. Cette formation me permet de surfer habilement sur le mélange des codes. Nous formons un groupe à l'instrumentarium atypique : Vibraphone et cor anglais muni d'effets mêlé à un power trio (Guitare, Basse, Batterie).
Ce que m’intrigue avant tout dans cette instrumentation, c’est l’invention de nouvelles textures sonores afin de créer une expérience sonore singulière pour l’auditeur. C’est pourquoi le DiWhite Experiment fait le pari de développer un jazz résolument actuel, ne s'interdisant rien, des évidences pop au bruitisme sauvage, mêlant grooves organiques puissants, solos cosmiques, mélodies soignées et harmonies délicates au service d'un son massif qui lui est propre.
Le style qui décrit le mieux ce projet serait le « European Explosive Jazz ». Il représente un « melting pot » marqué par la musique contemporaine croisée à l’énergie du rock et des mélodies et harmonies soignées du jazz. Les influences sont nombreuses et variées avec des artistes comme : Steve Reich, Brian Blade, Pink Floyd, Christian Scott, Frank Zappa etc...
Le répertoire est inspiré par les équivalences rythmiques de la musique contemporaine, les sonorités de la musique actuelle et les grooves du jazz actuel. L’univers sonore s’adresse à un public large mêlant plusieurs cultures musicales.
En tant que compositeur, je m’inspire des phénomènes physiques et psychiques. Je m’intéresse surtout à la notion du temps. Les type de phrasé, les modes de jeux et l’utilisation d’équivalences rythmiques permettent de créer des ruptures temporelles. Par ce biais, le DiWhite Experiment explore la représentation des émotions au travers d’énergies musicales juxtaposées.
Par exemple, dans le morceau « Immersion », le point de départ est mon expérience en tant que pilote de drones manuels acrobatiques. J’ai voulu transposer les sensations ressenties lors d’un vol en immersion en musique. Traversant plusieurs états de façon tranché : la contemplation, la montée d’adrénaline, les phases de tension et d’hyper-concentration, résolu par l’apaisement pour finir dans l’extrême chaos, la folie et la destruction. « Immersion » parle également de principe physiques liés à la gravité et à l’inertie.
Mon instrument est aussi équipé d’un système MIDI qui ouvre de nouvelles possibilités techniques inexplorées. Pour la suite du projet DiWhite Experiment, je souhaite développer de nouvelles formes performatives grâce au mappage du clavier du vibraphone, qui devient une interface MIDI : chaque lame du vibraphone serait attitrée à des évènements visuels, qui seraient déclenchés au contact de la lame et ensuite projetés en temps réel sur scène. Ceci afin de développer le projet DiWhite Experiment dans un univers et une expérience audio-visuel live unique et immersive.